Vendée Globe : Le Cas Stamm pour les nuls

Bonjour à tous, bonne et heureuse année vélique !

Le moins qu’on puisse dire est que ce début d’année fut animé sur la blogosphère… avec le cas Bernard Stamm qui aura fait couler beaucoup d’encre et de salive en quelques jours. Voilà qui me donne à la fois l’opportunité et la matière pour inaugurer ce blog d’un 1er article de fond fort à propos.

Les messages publiés par certains internautes voire les interviews de certaines grandes figures de la voile ces derniers jours concernant la disqualification de Bernard Stamm m’ont conduite à beaucoup lire et tenter quelques posts sur divers forums avec plus ou moins de succès. Si l’exercice ressemble parfois à l’écopage de la mer à la petite cuillère, il m’a au moins permis d’identifier quelques axes constituant le cœur de l’incompréhension du « public » sur cette décision. Ma fibre prof reprenant le dessus et plutôt que de continuer à me faire écharper sur les forums, j’ai choisi la voie pédagogique dans l’espoir, peut-être idéaliste, de contribuer à éclairer les débats.

Voici donc le désormais célèbre « cas Bernard Stamm » en quelques points clé censés vous permettre de le comprendre, si tel est votre souhait.

Dans le cas contraire, ou si vous êtes résolument convaincu que cette décision était mauvaise, cet article ne vous sera d’aucune utilité… voire présente des risques de réaction épidermique, allergique, de suffocation, d’accident cardiaque etc… pour lesquels l’auteur décline toute responsabilité 🙂

Rappel du cas:

Lien vers la décision du cas initial … et la confirmation de la décision lors de la demande de réouverture.

Décryptage:

  • La décision: Le jury a conclu, en résumé, que Bernard Stamm a enfreint l’article 3.2 de l’Avis de Course (AC) et son principe de « non assistance », en s’amarrant au bateau russe. Ce même article précise quelle est la sanction en cas d’infraction à cette règle: la disqualification.
  • Petit rappel des règles applicables à une régate et notamment au Vendée Globe : voir la page Les règles du jeu (attention, pour le Vendée Globe, ce sont les RCV 2009-2012 qui s’appliquent, et non les nouvelles règles parues au 1/1/13)
  • La procédure: voir le lien suivant pour comprendre le travail du jury dans le déroulement d’une instruction et de la réouverture.
    • Nb1 : Le jury ne pouvait pas instruire la demande de réouverture sans donner à Bernard Stamm l’occasion de s’exprimer… d’où le délai écoulé entre la mise à disposition du témoignage du bateau russe et la décision car Bernard Stamm rencontrait d’autres problèmes le privant de la possibilité de communiquer. Le jury lui a laissé un temps raisonnable pour être en mesure d’apporter d’autres éléments.
    • Nb2 : le jury, dès l’annonce de sa décision de réouvrir, a précisé qu’il ne pensait pas avoir commis d’erreur dans sa 1ère décision. Il confirmait donc explicitement que si les faits restaient similaires, la décision ne pouvait être différente.
    • Nb3 : procéduralement, et bien que les faits établis lors de la réouverture aient fait plus que confirmer les faits initiaux, le jury a simplement confirmé sa 1ère décision.

Les éléments de polémique… et leur réponse:

Les innombrables posts lus sur les forums, pages Facebook… voire parfois sur le site de « Cheminées Poujoulat » lui-même, ou de divers acteurs de la sphère voilistique, peuvent être regroupés en quelques grandes familles de réactions autour desquelles s’est structurée la polémique.

« Le jury est là pour interpréter les règles, sinon, une machine suffirait »

Le jury n’est nullement là pour interpréter les règles et sa mission est justement de s’appuyer sur le texte, et uniquement sur le texte, pour raisonner et justifier chaque étape de sa décision. L’exercice parait simple (certains grands esprits allant jusqu’à la qualifier de « bête ») mais demande pourtant quelques années de formation et de pratique.

Cependant, la description de la procédure suffit à démontrer qu’on est très loin d’arriver à une application mécaniste des règles de course, car la décision est bâtie entre autres sur des faits établis, dont la rédaction demande:

  • La connaissance fine des faits « significatifs » du point de vue des règles;
  • Toutes les règles applicables dans un tel cas de figure et la manière dont il faut les appliquer;

Un système expert en Prolog (vieux langage informatique d’intelligence artificielle basé sur la création récursive de règles d’inférence) n’est donc pas près d’être disponible pour renvoyer les jurys à leurs « fauteuils » confortables (comme l’ont laissé penser élégamment quelques internautes furibards..). Les juges ont donc encore devant eux de longues années d’étude des textes, de leur jurisprudence, des règles de procédures… auxquels s’ajoutent quelques compétences en psychologie sociale pour faire face au déchainement de méconnaissance et d’irrationalité qui agite le web lors de telles décisions.

Notons au passage que si le jury avait, comme de nombreuses personnes l’ont demandé, ignoré délibérément la procédure ou refusé d’appliquer une règle, un (ou plusieurs) autre(s) coureur(s) aurai(en)t été fondé(s) à demander réparation (RCV 62.1(a)) pour erreur du jury. Celui-ci aurait alors été contraint de réviser son jugement, avec de possibles dégâts collatéraux sur les relations entre les coureurs participant à cette belle course…

« L’aide reçue par Bernard était subie »

  • Les faits établis par le jury et notamment les éléments recueillis lors de la réouverture n’ont pas montré cela (« Voyant que son bateau se rapproche du navire, Bernard Stamm l’appelle par VHF, l’informe qu’il connait des problèmes mécaniques et demande s’il peut s’amarrer à l’arrière du navire parce qu’il dérive. »)
  • Il n’y a rien dans les règles de course concernant l’éventualité d’une aide « subie »… ce qui suppose un minimum d’actions de la part du coureur pour ne pas subir une aide non désirée (par exemple, demander au russe de quitter son bord, ce que Bernard Stamm dit explicitement ne pas avoir fait (« Bernard Stamm décide de ne pas demander à la personne de quitter le bord « Quand je l’ai vu à bord, je n’ai pas trouvé d’argument qui justifiait le fait de le renvoyer du bord. » »).

Cette version des « faits subis » a donné lieu à des délires sur le registre « imaginons que » supposés démonter l’inapplicabilité des règles telles qu’elles sont. La réalité demeure : à partir du moment où un coureur est en difficulté et qu’il se rapproche de la terre ou d’autres bateaux, il est clairement en zone de risque, et il lui appartient  de veiller à ce que ce rapprochement avec le monde extérieur ne le conduise pas à enfreindre le principe de non assistance. Si je peux comprendre qu’à chaud, Bernard Stamm n’ait pas perçu ce risque lorsqu’il a demandé de l’aide, il est beaucoup moins compréhensible que son team tente depuis une semaine de le faire passer pour la victime expiatoire d’une cabale montée par les juges avec la complicité du gouvernement russe…

« Le jury aurait dû tenir compte d’un cas de force majeure »

Sur le plan formel, la notion de « force majeure » n’existe pas dans les règles. Or, le jury, pour suivre la procédure qui lui est imposée, doit justifier par une règle chaque étape de son raisonnement. Il aurait, s’il avait évoqué cette notion inconnue du dispositif règlementaire, été dans l’incapacité de justifier sa décision, l’entachant ainsi d’une faute majeure aux yeux des règlements de l’ISAF (Fédération Internationale).

Cette demande relève d’une confusion majeure dans l’esprit du public qui a vu la décision du jury de pénaliser Bernard Stamm comme un « jugement de valeur » sur ses choix du moment. Or la décision du jury de disqualifier signifiait « une règle de course a été enfreinte et le jury applique la décision prévue par les règles ». Elle ne signifiait nullement que les choix faits par Bernard Stamm étaient mauvais du point de vue de l’objectif de sauver le bateau.

Dit autrement : les difficultés de Bernard Stamm l’ont conduit dans une situation où il ne lui était peut-être plus possible de concilier le fait de sauver le bateau et celui de rester en course, car les actions de sauvetage nécessitaient d’enfreindre les règles de course et conduisaient à être disqualifié.

Dans le cas d’une course comme le Vendée Globe, « sans assistance » signifie que le but du jeu est de s’en sortir seul. Si pour une raison ou pour une autre (malchance, mauvaise préparation, ..etc), le coureur se trouve contraint à demander de l’aide et le fait, il est hors course… ce qui ne signifie nullement qu’il est un mauvais marin. En l’occurrence, la question peut se poser de savoir quelle est la part de responsabilité de Bernard Stamm dans les soucis qui l’ont conduit à se réfugier dans cette baie. Mais la réponse ne changerait strictement rien du point de vue de l’application des règles.

« Bernard a agi en bon marin pour sauver son bateau, en respectant les grands principes de la navigation maritime »

On mettra dans ce volet les innombrables insultes dont le jury a fait l’objet sur sa supposée non connaissance de la mer et donc le fait qu’il n’ait pas « tenu compte des règlements maritimes en vigueur » (ce qui est faux bien sûr).

Là encore, le travail du jury n’était pas de recueillir des faits permettant de dire si ce qu’a fait Bernard Stamm était bon pour sauver le bateau (si tant est qu’il était en danger), mais de recueillir des faits permettant de savoir si Bernard Stamm pouvait ou non rester en course. Dès lors qu’il est mis en place une règle de non assistance (qui n’est que le prolongement de la règle 41 des RCV s’appliquant à toute régate), un marin peut se trouver devant la nécessité de demander de l’aide pour sauver son bateau tout en sachant que cela le mettra hors course. C’est un choix assez classique… qui ne nécessite pas de grandiloquents rappels des « règles de la mer » pour faire pleurer dans les chaumières et laisser penser que le jury est un planqué en charentaises.

Moyennant quoi, le jury peut tout à fait conclure que Bernard Stamm a agi en bon marin ET qu’il est disqualifié.

Le jury ne s’est donc pas prononcé sur la pertinence de ce qu’a fait Bernard Stamm dans le feu de l’action. A ce jour, personne ne sait si Bernard Stamm était réellement contraint d’agir comme il l’a fait, si d’autres options s’offraient à lui, ni s’il aurait pu s’en sortir sans aide (et pour le juge, la question n’est pas là). Il est d’autant plus difficile de le savoir que la communication du Team Poujoulat est, du point de vue des responsabilités de Bernard Stamm lui-même, pour le moins tendancieuse (voir l’article publié en date du 13/01 qui s’étend largement sur le combat héroïque du marin contre « l’adversité » … la paranoïa des supporters de Bernard Stamm les conduisant même à soupçonner le jury d’être responsable du contact avec un OFNI…:-) )

« Le jury aurait très bien pu mettre une pénalité plus légère. Un autre article des IC lui en donnait la possibilité (article 11.2.6 Pouvoir discrétionnaire du Jury) »

Lorsque un article de l’Avis de Course semble s’opposer à un article des Instructions de Course (qui sont les 2 documents « ad hoc » rédigés par les organisateurs ou par le comité de course, et donc susceptibles de contenir des erreurs ou contradictions), la RCV 63.7 précise ce qu’il convient de faire :  « le jury doit appliquer la règle qui, selon lui, produira le résultat le plus équitable pour tous les bateaux concernés » (en l’occurrence ici, l’ensemble de la flotte).

La démarche du jury a donc été d’abord de clarifier si un conflit existait, c’est à dire si le choix entre l’une ou l’autre s’imposait. Sur le plan logique, il n’y a pas de conflit entre « la pénalité sera la disqualification » et « le jury peut appliquer une pénalité plus légère » (il n’est donc pas obligé d’alléger cette pénalité).

Par souci de rigueur et pour voir s’il disposait d’une autre alternative, le jury a tout de même vérifié, auprès de l’organisation, si la rédaction de l’avis de course (article 3.2) était bien le reflet de ce qui était souhaité, et s’il convenait de penser que l’incident pouvait être qualifié de « mineur » au sens de l’IC 11.2.6). La réponse a été sans équivoque, l’organisateur confirmant que le principe de non assistance constituait véritablement « l’ADN de la course » et que ce qui s’était passé en constituait bien une infraction majeure.

« Bernard n’aurait jamais dû être sanctionné parce qu’il a dit la vérité »

La seule réponse qui s’impose est le rappel d’une règle de base (Sportivité et règles) du jeu de la voile, qui est un sport régi par un principe d’auto arbitrage:

Les concurrents du sport de la voile sont soumis à un ensemble de règles qu’ils sont censés suivre et respecter. Un principe fondamental de sportivité est que les concurrents qui enfreignent une règle effectueront rapidement une pénalité qui peut être l’abandon.

A ce titre, Bernard Stamm n’a pas à être « récompensé » pour avoir dit la vérité. Il n’a fait, en disant la vérité, que respecter une partie du contrat qu’il a signé en s’engageant. Le jury, au vu des textes, aurait parfaitement pu lui demander des comptes pour n’avoir pas respecté la seconde partie de cette règle, dès lors que, passé le flou de l’action, il est devenu évident qu’il avait enfreint le principe de non assistance.  Il ne l’a pas fait. Espérons que Bernard Stamm et le Team Poujoulat comprendront après l’épreuve que ce jury là a été aussi mesuré que sa fonction et l’exigence d’équité le lui permettaient.

Voilà donc l’essentiel des récriminations qu’on peut supposer de bonne foi, bien que guidées par des croyances fausses, résumées avec les réponses rationnelles qu’elles appellent.

Et puis il y a les récriminations de type « délire paranoïaque » émanant de certains supporters de Bernard Stamm (voir les nombreuses pages de commentaires du site officiel du Vendée Globe) et hélas abondamment encouragés par la ligne éditoriale très douteuse des communicants du Team Cheminées Poujoulat. S’y sont surtout ajoutées des prises de position périlleuses de certains grands noms de la voile, qui ont relayé allègrement les coups de gueule légendaires et polémiques de l’ami Jean Le Cam. Grâce à une notoriété qui aurait dû leur conférer un surcroit de sens des responsabilités, ils ont contribué à répandre des propos regrettables sur les jurys, la manière dont ils auraient dû juger, leur prétendue incompréhension du contexte liée à une soit disant non expérience de la course au large (ce qui est faux) qui les rendrait incompétents pour juger ce cas (comme s’il fallait avoir tué pour pouvoir juger un criminel… ).

On peut s’interroger sur les raisons de prises de position de « professionnels  » de la course au large aussi révélatrices de méconnaissance des règles de base du jeu de la voile. Réelle incompréhension de ces règles… ou démarche opportuniste en profitant de l’événement pour s’offrir un coup de projecteur? Ils sont seuls à le savoir en se regardant dans le miroir du huis clos de leur salle de bains (comme dirait Philippe Meyer). Toujours est-il que ces cadors, tout comme les milliers d’inconnus qui se sont déchainés sur le web, ont fourni en quelques jours la matière pour alimenter pour des années la rubrique « légendes urbaines » de ce blog (en cours de rédaction).  😉

Comme me le disait philosophiquement Georges Ardiley, un de nos nos juges émérites qui a reçu récemment le titre d’honoraire après des années d’un excellent travail au sein du corps arbitral français et international :

« pardonnez-leur, ils ne savaient pas »….

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43 commentaires pour Vendée Globe : Le Cas Stamm pour les nuls

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  4. Jean Dufort dit :

    Que Bernard Stamm se réjouisse puisqu’il fait maintenant parti de la légende du VendéeGlobe.
    Malgrès les difficultés techniques qui n’auront cessées de jalonner le parcours de sa préparation et de sa course. Malgré les déferlantes, les rafales et les pétoles qu’il aura du traverser. Malgrès l’adversité obstinée des bureaucrates, jamais il n’aura concédé un seul centimètre à sa détermination de toujours vouloir aller plus loin.
    Que Bernard Stamm se réjouisse, il est et restera un modèle de motivation extraordinaire pour jeunes et moins jeunes. Ce qu’il laisse dans son sillage, aucun jury ne pourra jamais lui enlever.
    Bravo, et merci.

  5. Tétaz Jean-Claude dit :

    Madame,
    Je vous remercie pour ce document qui devrait être envoyé à tous les polémistes et commentateurs du VG. j’ai cependant, une question, moi qui suis un petit suisse, d’un bord de lac, mais très intéressé par cette épreuve extraordinaire sur les océans. Prof de math et de physique, c’est plus l’aspect technique qui m’interpelle que de savoir qui sera le vainqueur. Finir le VG, c’est déjà être vainqueur que l’on soit premier ou 12 ème. Pour information, j’ai fait un peu de voile sur un 420, puis sur un 470 mais pas plus. C’est vous dire mon expérience 🙂
    Comment ne pas réfléchir à une redéfinition de cette course « sans assistance », alors que chaque jour, chaque skipper peut être « coaché » depuis la terre, qui pour un problème mécanique, qui pour un problème de voile ou même pour discuter de la ligne à suivre pour éviter une bonne pétole.
    Oui je sais, ce dernier cas est interdit, mais rien ne nous dit que « l’assistant » ne commettra la phrase, « moi à ta place… ». J’aimerais avoir votre avis sur mot « assistance ». Ne devrait-on pas interdire tout contact avec le monde extérieur sauf avec le pc course. Bien entendu en cas de catastrophe, le skipper pourrait appeler son staff. Mais sinon rien. Mails et téléphones interdit. Ça c’est une course sans assistance : la météo, l’ordi de gestion du bateau, un contact journalier avec le pc course uniquement et c’est tout.
    Avec mes cordiales salutations et merci pour votre réponse

  6. Chris dit :

    Merci pour l’analyse et les explications qui m’ont été bien utiles pour cerner le problème et finallement passer outre les effusions non controlées qui commencaient a me faire perdre sérieusement ma motivation à suivre ce Vendée Globe.

  7. Simon dit :

    L’analyse est assez juste… le fait d’avoir déclaré une personne sur le pont ne peut être qualifié de « mineur » par l’organisateur sans créer un précédent totalement opposé à l’esprit du VG… c’est toutefois de bonne guerre de la part de Poujalat de le demander, chacun défend sa position. La comm de Poujalat est forcément orientée, mais il me semble qu’elle est restée respectueuse et que les décisions du jury ont été acceptées.

    En revanche, le « cas » montre bien à quel point les organisateurs et membres des jurys doivent être sensibilisés au côté pédagogique de leur rôle, et encore plus lorsque leurs décisions sont prises devant un public large et peu compétent. Il était nécessaire d’expliquer et d’expliquer encore le travail du jury, et je crois que ça n’a pas été fait — votre article devrait avoir été publié sur le site du VG!

    On retrouve trop souvent malheureusement ce genre de situations après les régates, quand des jeunes, furieux, s’emportent contre un jury qu’ils ne comprennent pas, lequel jury refuse d’entrer dans la discussion, se ferme dans sa légitimité, estimant ne pas avoir à être remis en cause…

    Alors qu’un vrai dialogue est à mettre en place, entre les jurys, les coureurs, et le public, pour prendre les devants, expliquer, expliquer encore, apaiser… et qu’on puisse prendre du plaisir autant à terre que sur l’eau!

  8. Arnaud dit :

    Tiens ? cette phrase « comme s’il fallait avoir tué pour pouvoir juger un criminel… » est grosso modo la même que celle que j’avais posté sur le site du VG pour tenter de calmer ceux qui incendiaient les membres du jury dont le tort aurait été de ne pas appartenir au sérail des gens naviguant. (et accusé aussi de juger bien tranquilou au chaud…. comme si le fait d’être au froid devait évidement faire infléchir la décision en la faveur de Stamm) Merci et bravo pour cette prise de parole et cette page pédagogique.

  9. Patrick dit :

    Merci et bravo pour cet article tellement nécessaire. Au vu des réactions qui continuent à pleuvoir sur certains blogs, cette pédagogie est indispensable. Je pense qu’il faudra(it) pousser le débat au delà des règles de course et de l’arbitrage qui sont évidemment essentiels dans toute compétition, et se demander comment gérer la communication dans la course au large aujourd’hui. En suivant la communication « officielle » du VG, j’ai parfois un peu l’impression de regarder une télé-réalité d’une grande chaîne de télé (que je préfère éviter en général). A trop tirer sur la fibre émotionnelle d’un public peu averti, on génère ces réactions hystériques qui nous ont gâché une partie de la course. Les professionnels, comme vous le relevez, ont une important responsabilité. Ils ont bien sûr besoin d’un public large pour vivre et développer ce sport, mais ils doivent aussi éduquer ce public et faire passer les valeurs de la course à la voile avant le spectacle racoleur. Sinon la jetée des Sables ressemblera bientôt à la tribune du Parc des Princes….
    Encore merci, je vais essayer de faire partager votre article.

    • Gaudez dit :

      J’étais d’accord avec vous mais la conclusion m’offusque : est-ce incompatible d’être supporter d’une équipe de football et adepte de la voile sportive ? Ras le bol de tous ces clichés !

      • Patrick dit :

        No comment… Nous n’avons pas du voir la même chose à la sortie du Parc, ni entendre les mêmes compliments sur les adversaires et les arbitres… Je n’ai pas envie de ça dans la voile, mais c’est un point de vue tout personnel 🙂

  10. JM Vennin dit :

    Le béocien que je suis pense, que tout cela reléve plus des débats que l’on doit rencontrer …malheureusement …dans les prétoirs.
    C’est domage et surtout domagable pour la pratique des courses de voile …qu’il faille
    maintenant être non seulement un peu régatier …mais en plus et surtout avocat.
    Et je n’ai rien contre cette noble profession.
    Il est certain, toujours de mon point de vue, que cette application stricte de la régle
    reléve plus du ….jugulaire, jugulaire……..
    Ce n’est qu’une course relavant avant tout du sport avec un grand S et de
    l’aventure humaine.
    Encore un truc qui se déshumanise …..Domage.
    Bon courage MONSIEU Stamm et merci? tout de même? de votre analyse Madame.

    • Bonjour JM Vennin
      Je ne partage pas votre regret de ce que vous qualifiez d’application jugulaire, jugulaire du règlement. Si le Vendée Globe a pris cette dimension (vous parlez de sport avec un grand S et d’aventure humaine) c’est notamment en raison de sa règle, extrêmement exigeante, qui prévoit que l’aventure dont il est question se déroule en autonomie totale. Le règlement strict élaboré par ses créateurs n’est que le corollaire des principes fondateurs de cette course. Et s’il n’était strictement appliqué (Sylvie Harlé nous explique par ailleurs que le jury n’avait pas le choix, la rédaction du règlement ne lui laissant pas de possibilité de graduer les pénalités pour une infraction à la règle dont il est ici question), l’esprit du Vendée Globe se diluerait. Non, le règlement du Vendée Globe et son application ne déshumanisent pas cette course, ils lui confèrent même une grande partie de son humanité si particulière. Vous semblez par ailleurs regretter qu’il s’agisse là d’une évolution récente (« dommage qu’il faille maintenant être un peu avocat »), mais la règle fondatrice du Vendée Globe est restée dans son essence inchangée depuis la première édition en 1989.
      Cordialement,
      Frédéric

  11. Yves-Jean Toumit dit :

    Bravo pour cet article détaillé et d’une haute pédagogie. Je ne peux après cette lecture que lever un verre … de Juliénas, évidemment ! Un voileux rochelais (aux tempes grises)

  12. antoine mercier dit :

    Chère Madame, votre mise au point est exactement ce qu’il fallait pour à la fois replacer le ‘cas Stamm’ dans son contexte factuel et expliquer le travail du Jury dans le cadre des règles de la procédure. J’en ai entamé la lecture avec l’espoir que votre démonstration serait complète, objective et neutre de bout en bout. Je m’attendais, puisqu’elle émane du Juge que vous êtes, à ce qu’elle soit empreinte de cette sérénité qui a fait défaut à la majorité des commentaires sur le site du VG, qu’il s’agisse d’ailleurs des ‘pour’ ou des ‘contre’ la disqualification de Bernard Stamm. Vous déclarez vous-même vouloir à la fois calmer le jeu et les esprits. Force m’est de constater que, partie dans votre démonstration sur un bon cap, vous vous mettez à dériver, imperceptiblement d’abord, puis de manière tellement évidente que vous manquez de loin le but affiché. Loin d’être apaisé voire convaincu, plus on lit, plus on a la très désagréable impression que vous rallumez le feu.

    Des phrases telles que:
     » Il est beaucoup moins compréhensible que son team (Poujoulat) tente depuis une semaine de le faire passer pour la victime expiatoire d’une cabale montée par les juges avec la complicité du gouvernement russe… », ou bien:
    « Il est d’autant plus difficile de le savoir que la communication du Team Poujoulat est, du point de vue des responsabilités de Bernard Stamm lui-même, pour le moins tendancieuse (voir l’article publié en date du 13/01 qui s’étend largement sur le combat héroïque du marin contre « l’adversité » ou encore:
     » … la paranoïa des supporters de Bernard Stamm les conduisant même à soupçonner le jury d’être responsable du contact avec un OFNI…:-) ), « Et puis il y a les récriminations de type « délire paranoïaque » émanant de certains supporters de Bernard Stamm (…) et hélas abondamment encouragés par la ligne éditoriale très douteuse des communicants du Team Cheminées Poujoulat. »

    Juge ou Partie? Avec tout le respect que je vous dois, comment pouvez-vous espérer rester crédible en tant que juge alors que émaillez vos propos d’insinuations aussi méprisantes et d’accusations aussi indignes. Du coup, votre démonstration se transforme en pamphlet partisan. J’ai l’impression que non seulement vous écrivez pour les nuls, mais que vous tenez vos lecteurs précisément pour tels!

    Vous aurez au moins orthographié ‘paranoïa’ correctement. Arrivé au terme de ma lecture, c’est le seul point positif que je retiens. Tous les autres – et ils sont nombreux – ont malheureusement disparu en cours de route. C’est vraiment trop nul.

    Antoine Mercier, alias amerYsage

    • Amaury dit :

      Pleinement d’accord avec ce commentaire, le mélange des genres paraît bien étrange et gâche la pédagogie de vos propos. Quels qu’ont pu être les commentaires désobligeants à l’égard des juges (phénomène totalement normal et banalisé dans tous les sports à travers le monde), réagir dans l’émotion en dénonçant que le concurrent incriminé et son équipe aient pu eux-même réagir dans l’émotion ne tient pas debout (et de ce point de vue, eux sont 1000 fois plus excusables que vous ne l’êtes qui vous positionnez comme juge impartial)! Ce faisant, vous ne relevez aucunement par ces insinuations mesquines l’image que le grand public a pu se faire du jury du VG. Ceci étant dit je comprends que Bernard Stamm soit hors course.

      Autre sujet en lien avec la notion d’assistance, qui pourrait faire l’objet d’un débat sur votre blog: si j’ai bien compris, les concurrents signent un engagement sur l’honneur de ne pas recevoir d’assistance dans un certain nombre de domaines, notamment le routage météo (no comment là-dessus bien que je n’en pense pas moins… faisons confiance à la parole sacrée des marins), puisqu’il serait impossible de surveiller les communications des concurrents. Cependant, si l’assistance médicale fait exception et se justifie assez naturellement, une autre assistance est apportée à tous les concurrents qui me paraît beaucoup plus discutable, voir totalement scandaleuse au regard de cet ADN de la course pour reprendre votre expression: l’assistance technique pour la réparation matériel
      Comment se fait-il que cette autre exception soit tolérée alors que finalement elle désavantage le marin technicien pluridisciplinaire qui connaît chaque pièce de son bateau sur le bout des ongles, par rapport au marin préparateur / bricoleur capable de reproduire l’usinage d’une pièce si on lui explique le procédé de fabrication étape par étape? Je ne reconnais pas plus l’ADN de la course dans le fait de recevoir un mode d’emploi pour réparer sa barre de liaison de safran que dans un réapprovisionnement carburant au milieu de nul part et ce type d’assistance devrait être proscrit, vu la rigueur dont le règlement fait preuve sur la notion « d’aucune assistance ». Le aucune assistance ne peut pas être à géométrie variable, votre propos en était une brillante démonstration…

    • Jacques Leveillé dit :

      Tout à fait d’accord !
      Bien dommage de gâcher cette démonstration et sa crédibilité en se laissant aller à des dérives ressemblant malheureusement celles des personnes incriminées …
      Merci quand même 🙂

  13. Eric Alber dit :

    Bonjour,
    Loin de moi l’idée de remettre en question la décision du Jury. Je n’ai pas ses connaissances.
    Le seul point qui me choque est le manque de « sensibilité » dans sa décision. En effet, comment peut-on disqualifier quelqu’un qui a annoncé abandonner.
    Le Vendée Globe étant un évènement sportif, ne devrait-on pas y respecter des notions telles que « fair-play », « respect ». « honneur »? Je trouve regrettable qu’on ne lui laisse pas le droit de franchir, si j’ai bien compris, la ligne d’arrivée.
    Sportives salutations.

  14. atk dit :

    Bonjour,
    Bravo, enfin un très bon article sur le sujet.
    Manque peut-être simplement l’évocation du cas de Mike Plant, très similaire lors du Vendée 89 et qui me semble faire jurisprudence. A noter que Mike Plant avait eu l’élégance, en relatant l’incident à la direction de s’auto-déclarer hors course. Puis de ramener son bateau aux Sables d’Olonne.

  15. Le fait de ne rien y connaître n’est pas un problème en soi. C’est de ne pas vouloir (ou refuser) de se renseigner, qui peut en devenir un.

  16. Patrick Huynh dit :

    Bonjour Sylvie, je me demande si on se serait pas croisé sur un plan d’eau 🙂 Bon, en tout cas explications sympas du cas… et dommage que certaines personnes et pour certaines connues, aient eu des commentaires manquant de discernement et à la limite de la politesse… J’ai cru un instant que la voile prenait le pire au foot! Mais bon, ce sont souvent ceux qui hurlent le plus qui vous font des refus de tribord!

  17. Bernard Boniface dit :

    Merci monsieur de nous aider à comprendre la décision du jury.

    • sylvieharle dit :

      En l’occurrence c’est « madame » (si si, une dame peut être juge, même si c’est une réalité que certains peinent à admettre..) mais mille merci quand même pour votre petit mot 🙂

  18. Brocoli Cosmique dit :

    Merci pour votre article très pédagogique, on ne peut en effet que regretter que Bernard n’est pas voulu se mettre hors course lui-même et la communication du Team Poujoulat qui n’est en rien professionnelle voir même irrespectueuse par rapport au VG et son comité de course. Ils auraient du apaiser la situation et convaincre leur skipper d’accepter la réalité mais au contraire ils ne font que jeter le discrédit sur cette course qui ne le mérite pas.

  19. Michel Baud dit :

    Bonsoir, Fervent supporter de Bernard, je reconnais que l’analyse ci-dessus est parfaite et très instructive. Un grand merci pour cela. Il ne reste qu’à faire l’impasse sur le côté émotionnel de l’événement. Dommage que cette analyse n’ait pas été publiée en même temps que la décision du Jury. Cet épisode n’enlève rien aux qualités de Bernard qui, bien que disqualifié, fait une démonstration de ses grandes capacités de marin. Quand aux commentaires sur le site du VG, ils se passent de ..commentaire…

  20. Timothée. dit :

    Ben voilà, c’est pas plus compliqué…
    Le problème au XXIe siècle, c’est que n’intéresse les média que les histoires spectaculaires, matière à polémique. On le voit d’ailleurs en ce moment concernant un sacro-saint mariage.

    Je vous remercie grandement, de poser les choses, d’expliquer longuement ce qui aurait pu être compris très facilement, si le but n’était pas juste de crier, vociférer, s’acharner derrière son écran d’ordinateur : Stamm a agi en bon marin, il a sauvé son bateau, pour cela il a demandé de l’aide donc il est hors course. Point.
    On a pas dit à Marc Guillemot :  » Bon allez c’est con, t’as même pas navigué 24 heures, on va te laisser une chance..on te refile une quille.. » Meme chose.

    • Denis 33 dit :

      On a pas dit à Marc Guillemot : » Bon allez c’est con, t’as même pas navigué 24 heures, on va te laisser une chance..on te refile une quille.. » Meme chose..

      Si Kito de pavant lui a proposé sa quille à Guillemot mais ils n avaient pas le temps matériel de le faire autrement c était autorisé puisqu’ils étaient aux sables seul endoit ou l aide est autorisé puis reprendre un départ dans un délai donné .

  21. Denis 33 dit :

    Bonjour , merci pour ces explications très détaillées, j ais moi aussi été choqué de certains commentaires et avis sur le site du vendée globe … je ne connaissais pas ce blog , j’ y reviendrais

  22. Christian Dumard dit :

    Merci Sylvie pour cette explication très claire et toutes ces précisions.

  23. Olivier dit :

    Bravo Sylvie !
    D’ailleurs je n’avais pas encore vu ton blog, si tu as besoin d’aide pour les modifs 2013-2016 de l’annexe E, n’hésite pas !

  24. Merci pour ce splendide décryptage !
    Je ne crois pas que nous nous soyons jamais rencontrées, bien que nos pères aient été amis, que j’ai moi-même « officié » pendant 10 ans (quelquefois même aux côtés de votre mère) pendant lesquels j’ai eu, il me semble, une pas trop mauvaise réputation, et finalement décidé de passer à autre chose juste avant de terminer ma qualification de Juge International.
    Mais ça me fait toujours mal au ventre de lire les critiques sans nuance dont sont l’objet les arbitres qui oeuvrent dans l’ombre pour assurer au mieux la régularité de la course et l’équité entre les concurrents (voir également mon commentaire au « Partage sur FB » de votre article par mon frère) et ne prennent jamais – aux yeux du monde extérieur – « la bonne décision » !
    Merci pour eux ; même « plus dans la course », je me sens encore solidaire … et transmettez mon amitié à tous ces « vieux arbitres » que je n’ai pas croisés depuis des années.
    Bien cordialement.
    Marie-Noëlle Augendre

  25. rivard dit :

    Un excellent cas pour entamer la rubrique en effet 🙂

  26. Ping : Vendée Globe : Le Cas Stamm pour les nuls | Vendée Globe | Scoop.it

  27. claude Harlé dit :

    il me sera dit que je manque d’objectivité dans mon appréciation, mais je trouve cet exposé détaillé tout à fait pertinent et susceptible d’aider chacun à réfléchir avant d’écrire et de publier là où il suffit d’appuyer sur un bouton pour que la terre entière en soit informée !
    Claude Harlé

    • Bonjour Claude,
      Je partage tout à fait ton avis … et ne peux a priori pas être accusée de manque d’objectivité. 😉
      Marie-Noëlle

      • claude Harlé dit :

        merci Marie-Noëlle, j’espère que tu vas bien..
        Il me semble qu’éduquer les lecteurs de tous poils.. devient nécessaire avant qu’ils ne s’excitent sur leur clavier…….

      • En ce qui me concerne, je suis hors-jeu depuis un bon moment déjà … et je vois que la relève est bien assurée ! Et qu’une bonne partie de la « vieille garde » est toujours là : en suivant les liens de Sylvie, je me suis fait le petit plaisir de parcourir une liste de noms dont beaucoup ne m’étaient pas inconnus. 😉

        Mais c’est vrai que ça me fait toujours un petit pincement quand je tombe sur des critiques pareilles de la part de gens qui n’y connaissent rien …

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